mardi 1 mars 2011

Les nouveaux sound systems illégales (TAZ) : Les free parties :

Ce texte s’élabore autour de deux travaux universitaires, mémoires de maîtrise et de DEA, et de recherches en cours :
"Se rendre dans une free-party, c’est participer à une expérience festive, mais aussi prendre note d’une ambiance spécifique : celle du refus. Une première analyse pourrait écarter cette sensation pour ne voir que l’intérêt évident de ces rassemblements : celui de « faire la fête » entre jeunes. En effet, on y écoute de la musique, on y danse, on s’y amuse entre amis, on y fait des rencontres, on s’y adonne à l’ivresse et à l’exaltation, voire, tout simplement, on y fait des « conneries » en bravant certains interdits. Une « fête de jeunes » pas si éloignée de ce qu’ont toujours recherché les jeunes ?
Pourtant, d’autres caractéristiques requièrent notre attention. La fête est illé- gale et la police est susceptible de faire partie des animations surprises de la soirée. Le lieu de la fête proprement dit est peu aménagé. Pour s’asseoir, il y a le sol, là où l’on se trouve. Quand il pleut, si une bâche a été suspendue devant le mur d’enceinte, c’est un luxe inhabituel. Il est difficile de trouver à boire ou à manger. La musique est incroyablement forte, faite de basses, de rythmes incessants et répétitifs au premier abord, de bruits de machines et de sons métalliques. Des chiens déambulent au milieu d’un entrelacs de véhicules de tout standing, dont une importante minorité est constituée de fourgons permettant de voyager à plu- sieurs et dans lesquels on peut dormir, voire habiter tout simplement. L’ivresse est obtenue, en plus de l’alcool traditionnel, au moyen de produits illicites.


D’autre part, les « teufeurs », tels qu’ils se nomment eux-mêmes, font montre au détour des discussions de critiques acerbes, catégoriques, du monde dans lequel ils sont obligés de vivre. Ils dénoncent les travers de la « Société », les contraintes que le « Système » exerce sur tout un chacun, l’absence de liberté fla- grante qui les frappe, etc. Les forces de l’ordre sont méprisées, les représentantspolitiques raillés et accusés de manipuler et d’instrumentaliser les individus. Les interprétations et critiques varient sensiblement d’un participant à l’autre, mais sont toujours présentes. De plus, ces discours ne sont que très rarement unifiés en un ensemble construit et prospectif de ce qui devrait être.
Enfin, et surtout, cette fête de jeunes comme les autres, avec tout ce qu’elle véhicule, prend, pour nombre de participants, la forme d’un mode de vie. L’expérience vécue lors des teufs dépasse ce contexte ponctuel et envahit la vie quoti- dienne. Celle-ci est alors organisée autour de cette activité spécifique et de ces centres d’intérêts : la musique, les produits psychotropes, la collecte d’information concernant la tenue des fêtes, le partage de temps en commun hors du contexte festif, le maintien des réseaux relationnels nécessaires à l’appartenance au milieu.
On le voit, la free-party forme pour certains participants un fait social total et pour d’autres un pôle d’attraction qui offre un positionnement particulier dans la société. Or une composante transversale essentielle de cet univers est la condamnation de la « Société ». Se pose ici la question du sens et du rôle d’une opposition radicale à la société dans l’identité d’un groupe culturel jeune centré sur une pratique festive."
Séverin DUPOUY


Le lien : Rôle de la symbolique contestataire dans l'agrégation d'une culture jeune. Le cas des free-parties.



On le voit bien, les TAZs d'aujourd'hui sont les free parties par leurs aspects imprévisible, illégale, festif, revendicatoire, et surtout libre.

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